PEDAGOGIE. En circulation. Méthodogie et conseils

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La leçon de conduite en circulation est une des épreuves de l’examen mention « 2 roues » de la profession de l’enseignant de la conduite.
Vous allez dispenser un cours de 55 mn à un élève test que vous ne connaissez pas; il va donc falloir prendre les précautions nécessaires.

Vous êtes déjà enseignant de la conduite automobile; vous avez l’habitude d’intervenir avec vos double-commandes… Là, il n’y en a pas!
Vous aller être en relation radioguidage; l’élève sur la moto devant vous, en voiture; votre seule possibilité sera l’intervention verbale !
Il faut donc vous poser la 1ère question: Est-il capable de « déplacer* » une moto ?
*Nous, professionnels de l’enseignement, faisons la différence entre déplacer et conduire: déplacer, veut dire manipuler une moto (grosso modo ce que l’on fait sur une aire fermée),  et conduire, c’est déplacer + partager la route = le respect des règles, des autres usagers, savoir se placer, se présélectionner etc.)

Le problème posé là, est que vous ne connaissez pas le niveau de l’élève, si ce n’est qu’il va vous tendre un livret d’apprentissage et une fiche de suivi.
Notez qu’à l’examen mention 2 roues, l’élève test doit avoir un minimum de 5h en circulation à son actif (donc inscrit sur le livret d’apprentissage).
Il est clair que dans la phase d’évaluation spécifique, il ne faudra pas oublier de lui demander dans quelles conditions ces 5h ce sont passées!

Vous ne partirez pas sans avoir vérifier qu’il sait au moins, monter les vitesses et rétrograder et qu’il sait faire un demi-tour sans trop d’hésitation! 

 

RAPPEL DE LA LISTE DE PROGRESSION LOGIQUE D’UN APPRENANT

Souvenez-vous que le livret d’apprentissage (et la fiche de suivie) propose une liste de sous compétence à travailler… dans l’ordre que vous voulez (ou pouvez); cependant, le caractère de dangerosité du « 2 roues » implique la progression logique suivante (mais non obligatoire) :

  1.  Avoir une bonne position de conduite et Connaître le centre gravité de la machine
  2. Etre capable de faire un demi-tour
  3. Monter les vitesse et rétrograderCe sera le minimum qui sera vérifier avant de prendre la route en radioguidage.
  4. Savoir adapter son allure et utiliser toutes les commandes
  5. Savoir bien se positionner sur la chaussée, et respecter les distances de sécurité (longitudinal et latéral)
  6. Savoir regarder autour de soi (vision directe, indirecte et rétroviseurs)
  7. Savoir respecter la signalisation et les règles de circulation
  8. Savoir respecter les autres usagers et
  9. Savoir négocier un virage
  10. Savoir franchir une intersection
  11. Savoir tourner dans une intersection
  12. Savoir dépasser
  13. Savoir s’insérer sur voie rapide

Rappel de trame d’une leçon type, avec un élève que l’on ne connaît pas:

  1. Accueil et présentation (Exemple: « Bonjour… Je m’appelle … et vous ?…… On peut peut-être se tutoyer ?…… Nous allons passer près d’une heure ensemble dans le but de te faire progresser… Pour ce faire nous allons faire un peu plus connaissance, puis, voir où tu en es dans ta progression afin de choisir ensemble le point de travail de cette leçon…)… Précisez aussi dans le cas de votre examen, que c’est vous et pas lui qui êtes examiné! …… Bien sur, à vous de personnaliser cette phase à votre guise…
  2. Évaluation générale : Qui est-il ? Pour lancer la conversation et détendre la relation, commencer par vous présenter (vous et vos motivations… avec le sourire), puis donner lui la parole en l’aidant de quelques questions (pas un interrogatoire!); le but de cette phase étant de répondre à : Qui est-il (motivations; caractère;…) ?
  3. Évaluation spécifique : Que sait-il ? Il est temps de consulter les ouvrages : pour lui , le livret et vous, la fiche de suivi…… Et on discute ensemble :
    Questionnez sur la planification (Depuis quand a-t-il commencé; a-t-il passé ou repasser son ETG (code); A-til réussi l’épreuve hors circulation ? quel est le rythme de ses leçons; puis sur l’organisation: est-il seul sur la moto ? ou partage-t-il avec un ou deux autres élèves? (il est par exemple noter sur sa fiche et livret 3 fois 3h ou 4 fois 2 h: demandez-lui comment ça se passe : Est-ce des trajets pour rejoindre la piste d’évolution ? Ou bien , lorsqu’il y a noter 3h; a-t-il vraiment conduit les 3h ? … Avec radioguidage ou en suivant la voiture-école ? A-t-il déjà pratiqué un parcours autonome ? Terminez en lui demandant ce qu’il a travaillé la dernière fois ? Qu’est-ce que son moniteur lui dit de bien et de moins bien ? Enfin, qu’est-ce qu’il aime bien faire sur la route ? et inversement, ce qu’il n’aime pas ? En effet, très souvent vous constaterez que ce que l’élève n’aime pas faire, est en fait ce qu’il ne sait pas bien faire !Approchez-vous de la moto, et demandez-lui si il la connaît.
    Dans l’affirmative, posez-lui quand même quelques questions en lui demandant de faire fonctionner éventuellement (cligno, avertisseur sonore, etc), et précisez-lui que pour la même moto de même , on a jamais la même sensibilité: des freins, de l’accélération et surtout de l’embrayage… A tester donc !.. Et profitez pour lui demander de vous montrer la bonne position de conduite (rectifiez si besoin, car danger!).Il est temps de passer à l’équipement radio et n’oubliez pas le gilet « moto-école » pour l’élève : et de donner les consignes (voir la fiche correspondante sur notre site)
    Il sera judicieux de profiter de l’essai radio sur l’aire fermée pour tester sa conduire (monter et rétrograder et faire un demi-tour.Vous êtes tous les 2 prêts ?  Demandez-lui si il a des questions ou des inquiétudes … et expliquez-lui la suite du programme du type « on va circuler 5 à 10 mn puis on s’arrêter dans un endroit sécurisé pour faire un petit bilan et décider du point de travail d’aujourd’hui ».
  4. Évaluation dynamique :  Que sait-il faire ?

    Vous choisirez un parcours en rapport avec son niveau
    Attention à la progressivité des exigences du trajet (sécurité). Vous devez là démontrer que vous avez bien évalué!
    Vous observerez chaque poste et chaque procédure (Ne vous suffisez pas d’une seule procédure mal faite pour décider votre objectif; ce peut-être le « hasard »; toujours faire 2 à 3 fois la même pour confirmer le manque de compétence)
    Que’est-ce qu’on observe ?     Dans l’ordre, la trame de progression indiquée ci-dessus.
    Et c’est grâce à cette organisation d’observation que vous pourrez après le parcours d’évaluation, procéder au BILAN DE L’ÉVALUATION.Puis lors de l’arrêt, vérifiez qu’il se mette en position départ (c’est-à-dire l’avant de la moto vers la route), pour faciliter son démarrage après discussion.
  5. Bilan de l’évaluation :  Où pense-t-il en être dans sa progression ? et, Qu’allons nous choisir comme POINT DE TRAVAIL ?
    Commencez toujours par « alors ?… » , c’est-à-dire par l’AUTO-ÉVALUATION, car c’est très important de savoir ce qu’il pense de son niveau!
    puis, reprenez la conversation en passant par les points vu ci-dessus: la positions, etc… Et de là découle logiquement le choix du point de travail du jour.
  6. Énoncé de l’objectif de la séance (appelé aussi : Point de travail)
    Objectif ou point de travail ? Tout dépend du volume à enseigner; un objectif a la prétention d’être atteint à la fin de la leçon; un point de travail est un élément d’une compétence (qui, elle contrairement à l’objectif, n’est jamais vraiment acquise car en perpétuelle évolution).
    Exemple: « nous allons travailler le franchissement des intersections pour qu’à la fin de cette leçon tu sois capable de les franchir en toute sécurité »
    C’est en fait un « mini contrat » que l’on fait, c’est le résultat de tout ce que vous avez entendu et vu pendant les évaluations; C’est tout l’art du bien savoir évaluer!Regardez votre montre, … lorsque vous énoncez l’objectif, cela fait au maximum 25 mn que vous avez commencé, car sur les 55 mn, il faut garder la plus grande part pour la phase du développement qui doit durer minimum 30 mn!  … et 5 mn pour le bilan final.
    Et oui ! le but étant de faire progresser l’élève, un développement de 15 mn pour 55 mn de cours, manquerait fortement d’efficacité!
    Bien sûr, on est pas non plus à 5 mn près!  Savoir gérer son temps, est une des compétences primordiale de l’enseignant! A vous de jouer 🙂
  7. Développement du cours
    En fonction du point de travail choisi. Consultez les fiches pédagogiques et vidéos correspondantes.Rappel de la trame de développement: – J’explique le « pourquoi » de manière interactive – Les risques – Le comment (Procédure; schéma et questions) – Et l’élève fait, avec ma voix* en guidage, jusqu’à l’autonomie.
    *Attention de ne pas trop parler dans votre radio, cela peut gêner la conduite de l’élève et la rendre dangereuse; si vous avez trop besoin de parler: arrêtez-vous!
  8. Bilan : l’élève a-t-il progressé ? et, s’en rend-il compte ?
    Selon le point de travail choisi, vous procéderez à une évaluation (petit exercice réalisé 2 à 3 fois de manière autonome, qui en cas de réussite, couronnera le progrès visiblement acquis); Vous pouvez également utiliser le chemin du retour pour lui faire faire une conduite autonome (si il connaît la route bien sûr!)Et si vous constatez qu’il reste du travail, arrêtez-vous sans évaluation finale (devenu inutile si échec évident), et faîtes simplement une évaluation statique, avec quelques questions qui prouverons que l’élève SAIT ce qu’il faut faire; vous pourrez alors lui confirmer qu’avant de SAVOIR FAIRE il faut d’abord SAVOIR ! …
    Et qu’il faut ensuite pratiquer, car conduire une moto n’a rien de naturel.
    Terminez par une projection sur la prochaine leçon et renseignez les 2 documents (livret et fiche)
    Et remerciements!


LA DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE

Le cours est terminé !  …. Etes-vous satisfait de votre prestation ? Oui ? Non ? …. Pourquoi ?    C’est tout l’art de l’auto-évaluation!

A chaque fin de leçon on doit se questionner sur son efficacité. Pour évoluer et progresser soi-même; et comme on le fait avec les élèves, on organise sa propre critique (positive et/ou négative (Oups! pas « négative » mais plutôt les « points sur lesquels on doit progresser »… c’est plus pédagogiquement correcte 🙂

Voici une proposition de liste pour votre organisation:
N’oubliez pas que la formation est centrée sur l’apprenant, tout tourne autour de lui; il n’y pas de bons ou mauvais élèves, il y en a de plus ou moins difficiles, et je n’ai pas besoin d’en parler car mon travail de pédagogue consiste à adapter mes méthodes, mes techniques, etc. Alors je peux toujours dire quand même que cet élève était difficile car peu motivé,  par exemple, mais je ne dois pas m’en suffire et m’en servir d’excuses.. Ne faites pas l’effet miroir: les élèves vous le feront aussi plus tard: « j’aime pas cette moto… elle freine mal…. l’embrayage est dur .. le sol est glissant…. etc.
N’hésitez donc pas à « avouer » que vous n’avez pas su faire çi ou ça … A partir du moment où vous vous en rendez compte, c’est que vous progressez ! Bon maintenant, n’allez pas non plus vous « massacrer »!
Commencez donc toujours par parler de l’élève et après de vous :

  1. L’élève : Son profil;   ses progrès ? Pourquoi  ….?
  2. L’élève : ses motivations.. Les ais-je suscitées ou maintenues ? Pourquoi ?
  3. Le choix de l’objectif
  4. Les exercices : Les méthodes, les moyens
  5. La sécurité
  6. Si c’était à refaire, qu’est-ce que je modifierai ? Pourquoi ?
  7. Quel enseignement personnel je tire de cette prestation  ?

Nous vous souhaitons un bon entraînement, et nous sommes à votre disposition en visioconférence pour plus d’explications!