PEDAGOGIE. Sur aire fermée. Sous compétence Démarrer et s’arrêter

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Apprendre à démarrer et s’arrêter ne se pratique pas systématiquement, car nombreux sont les apprenants qui ont déjà pratiqué avant de venir à l’école de conduite.
Cependant, il est nécessaire de traverser cette sous compétence afin d’instaurer de « bonnes bases »… Celles qui permettront la progression et la mise en œuvre d’exercices de plus en plus techniques, en toute sécurité !

Si l’élève n’a jamais pratiqué avant cette leçon, il serait impressionné (et donc stressé) par la machine et particulièrement par son poids ; il faut donc le rassurer, et lui expliquer qu’il n’est pas nécessaire d’être « grand et costaud » pour maîtriser la « bête » !
En effet, il s’agit tout simplement d’être « technique» ; on n’a pas à supporter le poids de la moto tant qu’elle est droite (à l’arrêt et à allure lente) ;
la bonne technique consiste donc à faire en sorte qu’elle ne s’incline jamais à cette allure ; et pour cela, il faut avoir : – une bonne position   – un regard bien placé;

Commencez par parler du POURQUOI et des RISQUES :
Pas avec la méthode magistrale, mais ne manière interactive (l’élève, en parlant, se décontracte et ainsi vous pouvez vérifier ce qu’il sait déjà)
– Dès que la moto commence à rouler, elle prend de l’effet gyroscopique.
Qu’est-ce que l’effet gyroscopique ? C’est l’effet qui permet de faire de la moto à 2 roues (au lieu de 3 ou 4 !), … A l’arrêt, la moto tombe si on enlève la béquille latérale !
Dès que la moto se met en mouvement elle emmagasine cet effet … + la moto va vite, + elle tient en équilibre (on verra + tard, que les limites de cet effet réside dans l’obligation d’incliner à partir d’une certaine vitesse (voir le cours sur les techniques d’inclinaison).

Voilà pourquoi, il est + facile d’aller vite que lentement au guidon d’une moto !
Cependant, lorsqu’un élève débute, on ne peut pas se permettre de le faire rouler trop vite, car il ne maîtrise pas les techniques de freinage. Et un p’tit coup de stress, et le voilà pare-terre (Oups !!!).

Bref, le pourquoi, c’est qu’il faut acquérir de bonnes bases construite sur l’automatisation (vous connaissez déjà cela en formation à la conduite auto !)
Mais la raison la plus importante est liée au risque : LA MAJORITÉ DES CHUTES EN MOTO SE FAIT A L’ARRET ET AU DEMARRAGE ! … C’est-à-dire, chaque fois que l’effet gyroscopique n’est plus là !
Les explications à ces chutes lors de l’arrêt résident dans le fait que, souvent on se croit déjà arrêté, alors que l’on ne l’est pas ;  et pour celles du démarrage, c’est que parfois on se croit parti, alors que finalement on « cale » ! … Prendre 200 kg environ sur une jambe … Ca fait forcément mal !

Pour éviter cette catastrophe, voyons le COMMENT, c’est-à-dire LA PROCÉDURE :
Comme vous êtes déjà enseignant auto, la procédure ne vous est pas inconnue !
La grosse différence sera le problème de l’équilibre ;
La recette d’un bon équilibre est :
1 –  par la position du corps
2 – le regard.
Il faudra, au début, sans cesse corriger ces 2 points.

Combien de commandes allons-nous utiliser ?
1 – Embrayage ; 2 – accélérateur ; 3 – frein avant seulement :
L’élève n’a pas encore un bon équilibre, il aura besoin de sortir son train d’atterrissage (c’est-à-dire ses 2 jambes ;-)) On ne s’occupe pas pour l’instant du frein arrière ;
ce sera traiter dans la sous compétence « Maîtriser la réalisation d’un freinage » ;
De plus, il est préférable de limiter le nombre de commandes à manipuler car il y a un énorme travail (donc de concentration pour l’élève) de position et de regard.

Mettons nous d’accord sur la terminologie avec l’élève :
Vous le savez, quasiment tout le monde inverse les termes « débrayer et embrayer » !
Lorsque l’élève est sur la moto, chaque mot doit être immédiatement compris pour pouvoir agir ou réagir ;Alors tout simplement, lorsque vous expliquerez la procédure (de manière interactive), demandez-lui quel terme il utilise, et adoptez ces mots là… Bien entendu que vous n’allez pas accepter « débrayer » au lieu de « embrayer » !
Dans ce cas mettez vous d’accord sur un autre terme : « prendre, lâcher…. »… Pour le point de patinage, il existe aussi beaucoup de synonymes : point de friction, d’effet… C’est vous qui devait vous adapter au mot qu’il a l’habitude d’utiliser.

DEMARRAGE
1 – mise en marche du moteur
(en débrayant ; souvent obligatoire pour certaines motos ; et en tout cas, cela facilite la mise en route du moteur) ;
2 – (puisque on est déjà débrayé, on le reste) Enclenchement de la 1ère ;
3 – Accélération légère jusqu’à 2500 tr/mn environ ;
4 – Recherche du point de patinage ; …. La moto va commencer à bouger = le regard loin devant !
5 – Maintient du point de patinage en augmentant l’accélération : 1 mètre, 2 mètres, 3 mètres …
6 – Les jambes quittent le sol pour venir sur les cales pieds
(Attention de ne pas freiner de l’arrière !)
7 – On relâche complètement l’embrayage et on maintient un « filet de gaz »
= une légère accélération.

ARRET
1 – On lâche s’accélérateur
2 – Verrouillage des bras (légèrement tendus) (2 bonnes raisons : 1-  l’automatisation ; 2-  maintenir la direction droite: roue avant braquée en freinant de l’avant = Boum !)
3 – Le regard toujours LOIN DEVANT (et jusqu’à l’arrêt COMPLET)
4 – On freine en douceur du frein avant seulement.
5 – On débraye
(selon la vitesse initiale, il vaudra mieux faire Frein et embrayage simultanés… Vous expliquerez le pourquoi, parfois d’abord frein et après embrayage, et d’autres fois l’inverse, et ou encore les 2 en même temps)

NB : Avec un « extrême débutant », il sera risqué de le faire accélérer ; en effet au début, il est très crispé et particulièrement du guidon ; en cas de stress de mauvais dosage (normal au début), il n’aura pas conscience que c’est LUI qui est en train d’accélérer, et comme il s’accroche au guidon (un peu comme un skieur débutant avec ses bâtons), la chute est assurée.. Et je vous le rappellerai toujours : un élève ne doit jamais chuter ! Et oui ! J’estime que c’est ma faute s’il chute … Analysez, et vous verrez !

Pour apprendre à démarrer sans accélérer, on gardera les pieds au sol (lorsque la moto avance, il avance aussi en mettant un pied en avant puis l’autre (jamais le même pied 2 fois car ce sera signe d’un début de déséquilibre.
Le travail consiste seulement à apprivoiser le point de patinage en maintenant son regard au loin ;
On ne relâchera donc jamais l’embrayage complètement ;
La procédure sera donc :
DEMARRAGE :
1 – Le regard au loin
2 – je cherche le point de patinage
3 – lorsque la moto commence à bouger, je ne bouge plus la position de l’embrayage
4 – j’accompagne la moto en mettant un pied après l’autre (façon « canard » ou « Youpala »
ARRET :
1 – Verrouillage des bras (légèrement tendus) ;

2 – Le regard toujours LOIN DEVANT (et jusqu’à l’arrêt COMPLET) ;
3 – Embrayage et frein simultanément.

 

Recommencez l’exercice plusieurs fois ; et faîtes des pauses, pour lui (fatigue, tensions) et aussi pour vous, car vous verrez que cette leçon vous fera beaucoup marcher et courir !

Et lorsqu’on arrive au bout de l’aire de manœuvre, il faut faire demi-tour ; Voilà que ça se complique !!!
En effet, faire tourner l’élève est bien plus complexe que le faire aller droit ; Alors 2 solutions, en fonction de ses capacités :
1 – il descend, et il pousse la moto L (ça ne lui plait pas trop en général.. Il est venu pour faire de la moto, pas la pousser !
Mais si il n’a vraiment pas les pré-requis, vous n’avez pas trop le choix… A part de le faire vous-même !
2 – il fait le même jeu (point de patinage, débraye, point de patinage, débraye, etc.), le regard dans le votre, vous l’attirerez pour qu’il tourne progressivement (surveillez bien la main de l’accélérateur car il risque d’accélérer sans s’en rendre compte) et ses pieds (il ne faut pas qu’il pose 2 fois le même pied sans quoi il va tomber)…
Pour la suite logique « tenir l’équilibre en ligne droite et en tournant » voyez la fiche correspondante !