Apprendre à monter et rétrograder les vitesses, est une sous compétence qui va se perdre dans les prochaines années. Le parc de scooter de (toutes les cylindrés ; à 2 et 3 roues) augmente tous les jours pendant que celui des motos à vitesses diminue …
L’évolution technologique à rendu le fameux « coup de gaz* » au rétrogradage, quasiment inutile ; il n’est pratiquement enseigné dans nos écoles de conduite.
L’extinction de la race « moto à vitesses » n’est quand même pas pour demain, nous continuons donc à l’enseigner ! …
Commencez par parler du POURQUOI:
Pour mettre votre élève en activité intellectuelle, vous pourriez, par exemple, lui demander : « combien y-a-t-il de freins sur une moto ? » ;
Il va vous regarder bizarrement, car ce n’est pas sa 1ère leçon, donc il sait très bien qu’il y a un frein avant et frein arrière…
Mais le 3ème « frein moteur » ne lui viendra peut-être pas à l’esprit immédiatement…
Si l’élève conduit déjà une auto, ce sera plus simple à expliquer (Faites alors des comparaisons).
En bref, le « monter les vitesses et les rétrograder » sert à adapter le régime du moteur à la vitesse réelle de la moto (celle indiquée sur le compteur), ce qui nous apporte la motricité (c’est-à-dire, la tenue de route) aussi bien en ligne droite qu’en virage (le sous-régime fait flotter la moto, un peu comme en roue libre ; et le surrégime fait chasser l’arrière); Il est aussi, très utile en phase de ralentissement pour repartir au bon régime (ne pas brouter, ne pas caler).
et les RISQUES ? … Ils sont liés au Pourquoi :
C’est par la transmission (chaîne en général) que le frein est transmis à la roue arrière ; trop fort d’un coup et avec un peu de malchance le sol est un peu glissant… Et c’est la perte de contrôle ou le dérapage assuré !
Mais il y a d’autres types de risque à ne pas rétrograder, ou mal :
– usure prématurée des 2 autres freins (et oui ! il faut bien compenser).
Etre au bon régime moteur au bon moment, voilà une des clés d’une conduite sécuritaire.
COMMENT ? Quelles PROCEDURE ?
Comme vous êtes déjà enseignant auto, la procédure ne vous est pas inconnue ! La grosse différence sera le problème de l’équilibre (position et regard)
Combien de commandes allons-nous utiliser ?
Pour MONTER LES VITESSES :
1 – Accélérateur
2 – Embrayage
3 – Sélecteur de vitesses
… Bien faire décomposer, car une mauvaise manipulation peut faire des réactions brutales de la machine ;
Même en montant les vitesses (alors que ce n’est pas forcément toujours utile) faites relâcher l’embrayage en 2 temps (point de patinage et embrayer) ;
cela favorise l’automatisation de la gestuelle de la main : on ne lâche pas l’embrayage d’un seul coup, pour éviter les à-coups !
(montrer à l’élève que l’on garde les mains un peu en forme de crochet au point de patinage ; ainsi il sera plus facile de le bloquer, voire de jouer à 1 ou 2 mm près pour amortir les à-coups et les surrégimes ;
Vous l’avez certainement déjà enseigné lors de la sous compétence « démarrer – s’arrêter » : lorsqu’on démarre, on garde les phalanges du bout des doigts repliées pour s’assurer de ne pas caler et/ou donner des à-coups au démarrage (danger de chute).
Mettons nous d’accord sur la terminologie avec l’élève :
Vous le savez, quasiment tout le monde inverse les termes « débrayer et embrayer » !
Lorsque l’élève est sur la moto, chaque mot doit être immédiatement compris pour pouvoir agir ou réagir ;
Alors tout simplement, lorsque vous expliquerez la procédure (de manière interactive), demandez-lui quel terme il utilise, et adoptez ces mots là… Bien entendu que vous n’allez pas accepter « débrayer » au lieu de « embrayer » ! Dans ce cas mettez vous d’accord sur un autre terme : « prendre, lâcher…. »… Pour le point de patinage, il existe aussi beaucoup de synonymes : point de friction, d’effet… C’est vous qui devait vous adapter au mot qu’il a l’habitude d’utiliser.
PROCEDURE POUR MONTER LES VITESSE
J’ai démarré en 1ère , et je suis en accélération (attention, la 1ère est courte = beaucoup de frein moteur) ; je maintiens mon regard « loin devant) :
1 – je lâche l’accélérateur et je débraye ;
2 – Je glisse mon pied sous le sélecteur et donne un petit coup sec : Enclenchement de la 2ère ;
3 – Recherche du point de patinage et embraye
4 – je repends l’accélération
Etc . pour la 3ème vitesse.
Combien de commandes allons-nous utiliser ?
Pour RETROGRADER LES VITESSES :
1 – frein avant ET arrière ;
2 – Embrayage ;
3 – sélecteur de vitesses
A ce stade de progression, votre élève n’a pas encore utiliser les freins (ou si peu : lors des départs/arrêts, il a utilisé le frein avant avec toutes les précautions vues précédemment) ;
Dans la procédure ci-dessous, vous noterez que l’on « caresse » les 2 freins en même temps (vous connaissez ça en conduite auto : lorsque l’élève freine trop avant de rétrograder ; au lieu d’obtenir du frein moteur, on subit un sous régime, voire un broutage infernal, qui fait perdre tout son sens !
Vous vous dites « alors à quoi ça sert de faire le geste des 2 freins, sans vraiment freiner ? » :
…… Tout simplement à « automatiser » la gestuelle 😉 … Car, si à 40 ou 50 km/h, le freinage est quasiment inutile ; à 90 et plus, il sera fortement conseillé ;
et puis là, nous sommes sur une aire fermée ; sur la route, les exigences sont imprévisibles (ou presque !).
Enfin, l’autre raison : il est préférable de limiter le nombre de commandes à manipuler car il y a un énorme travail de manipulation en 3 temps de l’embrayage (C’est d’ailleurs ça, la clé d’une bonne rétrogradation !).
PROCEDURE POUR RETROGRADER LES VITESSES :
1 – Le regard toujours LOIN DEVANT (et jusqu’à l’arrêt COMPLET)
2 – On lâche s’accélérateur
3 – Verrouillage des bras (légèrement tendus) (pourquoi après avoir lâcher l’accélérateur ? Parce que parfois l’apprenant, en verrouillant les bras, il accélère involontairement !)
4 – On « caresse » les 2 freins (et on maintiendra ces gestes jusqu’à l’arrêt COMPLET)
5 – On débraye juste avant l’arrêt
Pour la suite logique de progression «Maîtriser la réalisation d’un freinage» voyez la fiche correspondante !